3. Deux illustrations dans le Discours de la Méthode de Descartes

On peut mettre en évidence deux mouvements de la reconnaissance dans le Discours de la méthode de Descartes : le premier part de sa déception au sortir de l'Ecole, revient à l'origine, au non-savoir, par le doute méthodique, reconnaît les règles de la méthode, inspirées de la tradition logique et géométrique, et repart à la recherche de la vérité, à titre personnel, par l'application scrupuleuse des règles de la méthode.

Le deuxième mouvement part du doute métaphysique, c'est-à-dire de la mise en question de la confiance accordée à la raison quand on s'adonne à la recherche méthodique de la vérité. Il se pourrait, dit le doute métaphysique, que notre vie consciente soit un rêve, et que, par suite tout ce que nous tenons raisonnablement pour vrai soit faux. La seule certitude encore accessible, alors, est la simple conscience de soi, le "je pense", mais si l'on peut tabler sur la bienveillance de Dieu lui-même, donateur des évidences, on peut repartir bravement à la recherche de la vérité. Dans ce cas, le retour à l'origine est donné par les preuves de l'existence de Dieu, et le recommencement n'ouvre pas une autre voie, mais fonde la même de manière à la garantir contre l'ébranlement du doute métaphysique. Sans doute n'est-il plus question, aujourd'hui, de tenir ces preuves pour valides, ce qui n'enlève rien à la possibilité de reconnaître la bienveillance de Dieu comme condition de la recherche de la vérité.

Puisque le recommencement ne se fait pas sur une autre voie, dans ce cas, le changement 2 caractéristique du mouvement typique de la reconnaissance consiste en ceci que la recherche personnelle, en elle-même vulnérable, est désormais enracinée dans une conviction qui se donne pour consistante.

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